Violences conjugales : les femmes toujours en danger

En France, une femme meurt tous les trois jours de violence conjugale./Photo DDM

C’est aujourd’hui la Journée internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes. Malgré des campagnes de prévention, une femme meurt tous les trois jours en France sous les coups de son compagnon. Une violence que l’on retrouve sur tous les continents.

Une femme décède tous les trois jours sous les coups de son compagnon en France. La violence à l’égard des femmes reste un fléau, avec des milliers de victimes, des taux de plaintes encore très bas et de lourdes conséquences sociales.

À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes, le gouvernement rappelle que chaque année plus de 216 000 femmes sont victimes de violences commises par leur partenaire. Mais la honte maintient une chape de silence : seules 16 % déposent plainte.

En outre, 86 000 femmes rapportent avoir été victimes de viol ou de tentative de viol. Seulement 10 % d’entre elles déposent plainte, selon le ministère des Affaires sociales et des Droits des femmes.

En dehors des conséquences psychologiques et sociales, ce phénomène a un coût économique, évalué par le ministère à 3,6 milliards d’euros par an, en termes d’aides sociales, de soins et surtout de perte de capacité de production.

Le quatrième plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes (2014-2016) prévoyait ainsi la généralisation du téléphone «grand danger», le développement de dispositifs pour faciliter les dépôts de plainte ou la formation des professionnels à la gestion des violences intrafamiliales. Y figurent aussi un meilleur accueil des femmes étrangères fuyant des violences et la création de 1 650 solutions supplémentaires pour garantir l’accès à un hébergement d’urgence d’ici 2 017.

À l’adresse des hommes violents, il existe désormais des stages de responsabilisation pour prévenir la récidive.

Ces mesures, quoique positives, ne sont «pas suffisantes», estime le collectif «Osez le féminisme !» Et «le système législatif français en la matière est un véritable millefeuille, avec le risque de voir s’empiler des mesures année après année sans que rien ne change», relève sa porte-parole Claire Serre-Combe. Ce groupe féministe réclame l’inscription du féminicide dans le code pénal, en faisant valoir que «les meurtres de femmes ne sont pas de simples faits divers».

«Une femme sur 10 serait victime de violence au cours de sa vie», relève Mme Serre-Combe.

Plusieurs initiatives sont prévues en France dans le cadre de cette journée, dont des conférences, expositions et tables rondes, proposées par différentes associations féministes.

Pour sa part, Françoise Laborde, sénatrice radicale de gauche de la Haute-Garonne et vice-présidente de la délégation aux Droits des Femmes du Sénat, rappelle qu’au-delà de la dramatique énumération des statistiques, les violences envers les femmes sont perpétrées au quotidien, dans l’intimité des familles, dans les lieux publics, sur les lieux de travail, parfois même au nom des religions. «C’est vrai dans notre pays et dans le monde entier.» Pour la sénatrice, Malala Yousafzai, Prix Nobel de la paix 2014, est devenue l’incarnation de cette lutte».

Enfin, Françoise Laborde rappelle que, malgré une campagne d’échelle internationale, huit mois après leur enlèvement, le monde est toujours sans nouvelles des 200 lycéennes nigérianes enlevées.

«Ne les oublions pas» rappelle-t-elle.

La Dépêche du Midi